L'eau de nos lacs de montagne ne constitue pas une masse stable immobile... Bien au contraire ! 

La densité de l'eau variant selon sa température, l'eau d'un lac se stratifie et se mélange, en fonction de sa température, tout au long de l'année. Ces variations de températures annuelles sont illustrées, pour l'exemple du Lac d'Allos, dans le graphique associé conçu grâce aux données du pôle ECLA de l'INRAe.

Lorsque toute l'eau d'un lac est à la même température, elle est enfin aussi à la même densité, la stratification s'annule et le tout peut se mélanger.

Nos lacs de montagne sont pour la plupart dimictiques, c'est à dire qu'ils ont deux brassages par an, ce qui résulte sur l'année à  : 

• une période de stratification estivale où l'eau superficielle (épilimnion) est plus chaude que l'eau profonde (hypolimnion), grâce à l’ensoleillement et à la température élevée de l'air
• un brassage lorsque la température du lac diminue à l'automne et que toute la masse d'eau atteint alors 4°C (en octobre, par exemple, au Lac d'Allos)
• une période de stratification hivernale où l'eau superficielle (épilimnion) gèle et devient devient alors plus froide que l'eau profonde (hypolimnion)
• un brassage lorsque la glace recouvrant le lac fond et que toute la masse d'eau atteint alors 4°C (vers fin avril, par exemple, au Lac d'Allos)

Ces périodes de mélange sont très importantes car elles permettent (entre autres) :

• une réoxygénation de la totalité de la masse d'eau (les eaux très profondes sont souvent anoxiques une bonne partie de l'année, à cause de la respiration des bactéries qui dégradent la matière organique du fond du lac (consommation d'O2) et de l'absence de photosynthèse (et donc de production d'O2) dans ces zones que la lumière n'atteint pas)
• et une remise en circulation des nutriments.

Pourquoi 4°C nous direz-vous?

Parce que c'est à cette température que l'eau est la plus dense, ce qui explique aussi que l'eau du fond de tous nos lacs profonds soit aux environs de 4°C.