Le Parc national du Mercantour se réjouit de la bonne reproduction 2022 des couples de gypaètes barbus sur lesquels il veille avec attention. Parmi les cinq couples présents dans les Alpes du Sud, quatre affichent en effet un succès de reproduction avec l'envol d'un jeune.
Dans la haute vallée du Var, le couple du Val d'Entraunes réussit pour la première fois sa reproduction après 3 années d'échecs, avec l'envol du jeune MARLAU, un nom choisi par les habitants d'Entraunes comme témoignage de l'engagement de deux agents du Parc impliqués dans le suivi de l'espèce.
Dans la vallée de la Tinée, le juvénile, baptisé MAFATE par l'équipe du PGHM de Saint Sauveur-sur-Tinée, s'est envolé sur le site de la Bonette le 1er juillet. Malheureusement, le couple Source de la Tinée a quant à lui échoué pour la troisième année consécutive ; la raison de cet échec reste inconnue.
Dans la vallée de l'Ubaye, le couple Chambeyron-Ubayette confirme son expérience avec l'envol du jeune MOJO, tandis que le couple des Sources de l'Ubaye a encore "brillé" avec l'envol de DENEB, ainsi dénommé du nom de l'étoile la plus brillante de la constellation du Cygne par les astronomes de l'association Adara.
Une expérimentation innovante
Pour la première fois dans le Mercantour, un de ces jeunes oiseaux a été équipé d'une balise GPS qui va permettre de suivre ses futurs déplacements.
Cette opération de baguage et équipement par balise de gypaètes barbus en nature s'inscrit dans le Plan national d'action français pour la conservation de l'espèce. Il s'agit d'un programme scientifique déposé et agréé par le Muséum national d'histoire naturel, par ailleurs soutenu par la Fondation pour la conservation des vautours (VCF).
Ces interventions doivent permettre de mieux connaître la dispersion des jeunes et les causes de mortalité (afin de mieux lutter contre), éventuellement de sauver des oiseaux grâce à des interventions d'urgence, et enfin de connaître l'état de la population alpine grâce à un suivi génétique.
Depuis 2008, 25 jeunes gypaètes sont nés dans les Alpes du Sud, mais on ne connait le devenir que d'un seul d'entre eux qui fait désormais partie d'un couple installé dans le Nord du massif des Écrins.
Le jeune MOJO, équipé de la balise, va rester durant quelques mois sur son site de reproduction avant de commencer d'importants déplacements à travers l'Europe, jusqu'à atteindre l'âge adulte vers 6 à 7 ans, et se fixer sur un territoire... si tout va bien ! Gageons que sa balise GPS lui assurera de meilleures chances de survie grâce à l'attention de tout un réseau d'observateurs à travers les Alpes.
Un avenir toujours fragile pour le casseur-d'os
Le gypaète barbu est en cours de réinstallation dans les Alpes grâce à un vaste programme de réintroduction et de protection initié depuis plusieurs décennies. En raison de la faible productivité de l'espèce, le taux de survie des juvéniles est un facteur déterminant de l'évolution des effectifs.
Ce sont désormais 76 couples qui se sont réinstallés à travers l'arc alpin, mais cette population reste très fragile, notamment dans le sud des Alpes avec seulement 6 couples (5 en France et 1 en Italie).
Le Parc national du Mercantour veille avec attention à la tranquillité des sites de reproduction pour éviter les dérangements humains parfois source d'échec : survols, activités sportives, travaux... avec la mise en place de périmètres de tranquillité dénommés "Zones de sensibilité majeure" (ZSM). Cette abréviation est désormais bien connue des pratiquants aéronautiques qui reçoivent régulièrement des informations sur ces zonages à éviter pendant la période de reproduction.
Le Parc national du Mercantour remercie tous les observateurs bénévoles qui contribuent au suivi des oiseaux, et également les partenaires qui ont été attentifs à ces zonages et ont ainsi contribué à la bonne reproduction 2022 des gypaètes barbus.