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Lagopède alpin

Une femelle lagopède avec ses quatre poussins en été
Une femelle lagopède avec ses quatre poussins, en été ©J.Blanc

Nom scientifique : Lagopus muta

 

Identification

Son plumage changeant fait la particularité du lagopède alpin. Pour se fondre dans le milieu qui l'entoure, son plumage est blanc en hiver et gris-brun en été. Puis, il passe par toutes les nuances intermédiaires en automne et au printemps. Cette stratégie s’appelle l’homochromie et lui a valu son autre nom de perdrix des neiges. Le lagopède alpin a un corps rond, de longues ailes arrondies et un bec court, noir et épais. Les mâles ont des caroncules rouges au dessus de l’oeil particulièrement visibles au moment des parades en mai.

Habitat

Présent à l’étage alpin et nival au-dessus de la limite des arbres, on trouve le lagopède alpin uniquement en haute montagne dans les Alpes et les Pyrénées. Son habitat est composé essentiellement de pelouses alpines à végétation rase parsemées de rochers. L’été, les oiseaux gagnent les crêtes et les éboulis sous les sommets, souvent à plus de 2 600 mètres. L’hiver, ils redescendent, restant dans les éboulis orientés au sud, dégagés par le vent. Au printemps, les zones de chant sont situées entre 2 000 et 2 500 mètres, dans des éboulis clairsemés de pâtures et dans le fond des cirques glaciaires, c’est aussi là que les poules font leur nid et élèvent leurs poussins.

Comportement

Le lagopède alpin est sédentaire mais effectue quelques migrations saisonnières essentiellement altitudinales. Il est discret à l’extrême et capable d’une immobilité complète passant souvent inaperçu pour se protéger. En dehors de la saison de reproduction, on peut les voir en groupes (10 à 20 individus) à la fin de l’automne et en hiver, le nombre leur offrant probablement une meilleure protection contre les prédateurs. Le lagopède alpin est monogame. Le mâle est en couple avec une seule femelle qu’il garde et surveille jusqu’à la fin de la période d’incubation, une fois les poussins éclos la femelle les élève seule. Le mâle est très territorial et défend le territoire pendant l’hiver et jusqu’au printemps lorsque les femelles arrivent. Il parade pour prévenir ses rivaux de l’occupation du territoire en utilisant des signaux visuels et vocaux. Il pratique un vol d’avertissement au cours duquel il s’élève verticalement jusqu’à une dizaine de mètres du sol. Ensuite, il glisse avec les ailes et la queue largement déployées tout en émettant un cri rythmé qui porte loin.

Régime alimentaire

Le lagopède alpin est essentiellement végétarien. Les poussins, en revanche, se nourrissent d’insectes, d’araignées ou d’escargots durant leurs premières semaines de vie, cette alimentation riche en protéines leur assure une croissance rapide. Le régime d’été des adultes est principalement composé d’un mélange de végétaux disponibles en abondance : bourgeons, feuilles, fleurs et baies. En hiver, leur alimentation est beaucoup moins diversifiée, ils recherchent les zones ventées pour pouvoir accéder aux rameaux et brindilles enfouis sous la neige.  

Cycle de vie

Comme pour tous les galliformes, l’hiver est la saison la plus délicate pour le lagopède alpin. La nourriture est rare et difficile à trouver sous la neige. Renard et aigle royal le guettent. Les oiseaux se regroupent en petites troupes sur des zones pentues, dans des éboulis là où la neige est chassée par le vent. Fin mai, les mâles vont sur leurs places de chant. La ponte a lieu en juin et les jeunes sont couvés pendant 21 à 24 jours. A la naissance, les 5 à 8 poussins éclos sont nidifuges et se nourrissent d’insectes. Ils deviendront herbivores à l’automne. Le taux d’échec à la couvaison est fort et la mortalité des poussins est élevée. Les bonnes années, un couple réussissant sa reproduction amènera 2-3 jeunes à l’hiver.

Préservation

Réfugié dans les Alpes et les Pyrénées au Quaternaire suite à l’important réchauffement qui a suivi les grandes glaciations, il est aujourd’hui menacé. Le développement des activités touristiques hivernales, un enneigement irrégulier, le changement des pratiques pastorales sont autant de menaces pour le lagopède alpin. Cette espèce inféodée aux milieux froids a un avenir très incertain devant elle. La répartition de l’espèce régresse lentement en bordure de son aire de répartition.

Bien qu’extrêmement difficile à suivre de par son mimétisme et ses habitats extrêmes et peu accessibles, nous pouvons affirmer que le Parc national héberge encore de belles populations.

Espèce chassable, le lagopède alpin n’est plus chassé depuis plus de 10 ans dans les départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence.

Pour connaître le statut actuel de l'espèce, cliquez-ici.

Comment l'observer ?

Difficilement observables, les rencontres sont fortuites et souvent très brèves car les oiseaux s’envolent pour s’éloigner rapidement. Malgré tout, vous aurez peut être la chance d’observer le comportement « d’oiseau blessé » d’une femelle : elle simule une blessure à l’aile, la laissant pendre, et elle s’éloigne en marchant, votre curiosité étant piquée vous la suivez et lorsqu’elle jugera que vous êtes assez éloigné de ses poussins elle s’envolera en parfaite forme ! Cette tactique vise à éloigner les prédateurs de la nichée, aussi si vous observez ce comportement, n’insistez pas et éloignez vous en restant sur le sentier.