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Lièvre variable

Lièvre variable
Lièvre variable, par C.Robion

 

Nom scientifique : Lepus timidus

 

Identification

Son pelage changeant fait la particularité du lièvre variable. Pour se fondre dans le milieu qui l'entoure, son pelage est blanc en hiver et gris-brun en été. Puis, il passe par toutes les nuances intermédiaires en automne et au printemps. Cette stratégie s’appelle l’homochromie. Il se distingue du lièvre d’Europe par plusieurs particularités : sa taille est plus petite, ses oreilles sont plus courtes et sa queue reste toujours blanche. C’est une espèce discrète qui est essentiellement active la nuit. En journée, le lièvre variable recherche l’abri d’une souche ou d’un bloc de rocheux qui lui sert de gîte. Ses pattes larges et poilues sont de véritables raquettes et lui permettent de rester à la surface de la neige, même poudreuse.

 

Habitat

On trouve le lièvre variable en haute montagne dans les Alpes uniquement. Il est absent du massif des Pyrénées. Dans la partie la plus haute en altitude de son biotope, le lièvre variable occupe sensiblement les mêmes habitats que le lagopède alpin, au dessus de la limite des arbres aux étages alpin et nival. Il fréquente aussi volontiers les forêts de résineux des étages montagnard et subalpin comme le tétras-lyre. Son habitat est composé essentiellement de pelouses alpines à végétation rase parsemées de rochers. Le lièvre est également présents dans les forêts de résineux avec une nette préférence pour les versants nord, aussi appelé ubac. Le lièvre variable affectionne les paysages tourmentés et parsemés de gros blocs rocheux qui lui fournissent un abri sûr pendant la journée.

 

Comportement

Le lièvre variable est sédentaire mais il effectue des migrations altitudinales selon le niveau d’enneigement. En hiver, il peut avoir deux stratégies. Gagner les crêtes ventées où le sol déneigé laisse apparaître des brindilles. Ou alors, descendre dans les forêts de résineux (épicéa et sapin pectiné, pins cembro et pins à crochets) où il trouve une nourriture plus abondante et de nombreuses caches possibles. Il est discret à l’extrême et capable d’une immobilité complète passant souvent inaperçu pour se protéger. Il est probable que le randonneur soit souvent épié par un lièvre variable gîté mais l’inverse est beaucoup plus rare ! Dérangé, il s’enfuit au dernier moment en bondissant à toute vitesse dans un éboulis ou dans une pente escarpée.

 

Régime alimentaire

Le lièvre variable est un végétarien exclusif. Son système digestif unique lui permet de digérer les matières ligneuses (le bois). On dit du lièvre variable qu’il est caecotrophe. En d’autre terme, il a recours à une double digestion en ingérant ses crottes. Cela lui permet de tirer profit de toute l’énergie contenue dans sa maigre nourriture, essentiellement constituée de brindilles de graminées, d’écorces ou de jeunes rameaux plus tendres.

 

Cycle de vie

La durée de vie du lièvre variable est de 4 à 5 ans. Il s’accouple de mars à juin et les mises bas ont lieu de mai à août, après environ 50 jours de gestation. La femelle peut avoir 1 à 2 portées de 2 à 4 levrauts par an. Les jeunes naissent couverts de poils, ils sont mobiles et leur régime alimentaire est identique à l’adulte. Toutefois la mortalité est élevée chez les jeunes et le lièvre variable connaît une dynamique de population généralement plus faible que celle de son cousin le lièvre d’Europe.

 

Préservation

Réfugié dans les Alpes au Quaternaire suite à l’important réchauffement qui a suivi les grandes glaciations, il est aujourd’hui menacé. Le développement des activités touristiques hivernales, un enneigement irrégulier, le changement des pratiques pastorales sont autant de menaces pour le lièvre variable. Cette espèce inféodée aux milieux froids a un avenir très incertain devant elle. La répartition de l’espèce régresse lentement en bordure de son aire de répartition.

Dans le même temps, le lièvre d’Europe, quant à lui suit une dynamique inverse. L’élévation généralisée des températures l’invitent à s’aventurer plus haut en altitude. Il pénètre ainsi le domaine du lièvre variable où il entre en concurrence avec ce dernier.

Espèce chassable, le lièvre variable est chassé en dehors de la zone cœur du Parc national du Mercantour dans les départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence.

Pour connaître le statut actuel de l'espèce, cliquez-ici.

Répartition lièvre variable et lièvre d'Europe
Répartition lièvre variable et lièvre d'Europe, par M.Ancely/PNM

 

Comment l'observer ?

Difficilement observables, les rencontres sont fortuites et souvent très brèves car les lièvres s’enfuient promptement lorsqu’ils sont dérangés de leur gîte. Été comme hiver, l’examen long et patient d’un versant ponctué de gros blocs rocheux vous donnera peut-être l’occasion de l’observer, immobile et tranquille. Bien que très discret, le lièvre variable laisse tout de même bon nombre d’indices en hiver. Comme le lièvre d’Europe, il laisse dans la neige des traces en Y dues à ses pattes arrière ramenées en avant. Ces traces caractéristiques sont souvent parsemées de quelques crottes en billes rondes et sèches. Toutefois, ces traces ne vous mèneront que rarement au gîte de l’animal car ce dernier est expert pour brouiller les pistes, il tourne, change de direction, etc. Vous voilà bientôt au point de départ sans avoir bien compris où était passé le blanchon !

 

Pour en savoir plus :