Vallée de l'Ubaye
Naturaliste en herbe
12 ans
Portrait par Eric Lenglemetz
Recueil de témoignage par Noëlie Pansiot
Ma passion, c’est d’observer les animaux, leur vie dans la nature. De voir comment ils font l’hiver, l’été et comment ils s’en sortent dans tous les temps.
Ca me fait plaisir de voir qu’il y a des animaux parce que quand j’en vois un, je sais que du coup il peut y en avoir d’autres.
Ici, je vis dans un endroit sauvage, qui n’est pas pollué comme d’autres endroits et où il y a beaucoup d’animaux. Et moi, ça me fait plaisir.
Un jour, j’ai vu une photo de gypaète et ça m’a donné envie d’en voir. Ma mère m’a dit qu’il pouvait y en avoir à tout moment au-dessus de notre tête et 2 minutes après, je lève la tête, oh un gypaète ! C’était la 1ère fois que j’en voyais. J’avais l’appareil photo, j’ai pris des photos. Et d’un coup ça m’a donné envie de le revoir encore.
Le gypaète, il est très grand. Ici, c’est assez rare d’en voir. Il est beau surtout, avec sa couleur orange. Il fait des gros nids, des beaux nids. Et, après sa manière de casser les os et de manger l’intérieur après, c’est spécial. Du coup je trouve que c’est bien.
Depuis que je suis tout petit, j’adore les animaux. Je m’intéressais aux chats et aux chiens et quand j’ai commencé à voir des chamois, tout ça, je me suis dit que c’était d’autres animaux. C’est de la vie qui est sauvage. Je ne sais pas trop comment expliquer.
J’ai plus ou moins 2 idées pour plus tard. Faire guide de haute montagne et en même temps faire des photos animalières que je vends. Et une autre idée, c’est garde au Parc du Mercantour.
Des fois, je vais aux comptages de gypaète parce que je suis inscrit dans le réseau du gypaète. Quand ils envoient un mail, je regarde. Par exemple, il y a eu des postes d’observation après l’église plusieurs fois, du coup je vais voir avec eux. Après, dès que je vois un gypaète, j’envoie un mail sur ce réseau.
Un jour, je suis allé me promener avec les raquettes pas très loin de la maison. C’était l’hiver, il y avait beaucoup de neige. Il y a un aigle qui est passé et qui s’est posé à un endroit dans la montagne, sur un buisson. Quelques seconde après, il y a deux loups qui sont sortis à côté de ce buisson. Ils marchaient tous les deux. Il y avait la femelle devant et le mâle, plus gros, derrière, qui était un peu à la traîne. Ils faisaient une grande traversée. D’un coup ça m’a… parce qu’au début, je croyais que c’était des renards ou des chiens. En fait c’était des loups.Je suis allé prévenir mon père. On est descendu un peu plus bas avec la voiture et on les a cherchés pendant 20 minutes à peu près. Je les ai revus. Ils marchaient toujours. Et d’un coup on les a vus partir en courant.
La femelle courrait la première derrière un chamois. Elle courrait, elle courrait, elle courrait.
Et quand ils sont arrivés près d’une barre, le chamois a sauté dans la barre, il s’est réfugié dans une petite grotte et les loups n’ont pas réussi à l’attraper. Après, ils sont repartis, on ne les a plus vus et on est repartis. L’après-midi, je suis monté un peu au-dessus de la maison en me disant que je les reverrai peut-être. Et, je les ai revus, pareil, ils courraient après un chamois. Et ils ont pas réussi à les avoir. Après je les ai perdus de vue et je suis rentré à la maison.
Ca faisait peut-être un an et demi que tout le monde me demandait si j’avais pas vu le loup,. Mon père, tous les matins, quand il descendait mon frère au bus à Saint Paul, il me disait « ah machin a vu le loup... » mais moi, je ne l’avais jamais vu. Et d’un coup, là, je me suis dit, « ça y est, mon premier loup ! » J’ai regardé plusieurs fois sur l’appareil photo en me disant, est-ce que c’est bien des loups ? C’était de la surprise, mais aussi du plaisir.